Un monde caché
La Conversation On discute champignons et épanouissement mutuel avec deux écrivaines
PAR: KRISTINA LJUBANOVIC
Photos PAR : NAOMI FINLAY
COURTESY OFFERTES PAR : LEMAY
Il y a du mystère dans l’air quand s’ouvre l’ascenseur au quatrième étage du 60, rue Adelaide Est, un immeuble torontois d’Allied. Un mur rutilant projette un rouge Pantone signature sur une porte d’entrée arborant une découpe vitrée en clin d’œil aux curieux.
« J’entends souvent les gens se demander ce qu’est Lemay », confie Alena Crowne, spécialiste du marketing et des communications pour l’énigmatique entreprise.
« C’est la grande inconnue », répond le directeur du marketing Robert Fiorino. Et ce, bien qu’elle soit l’une des plus grandes agences d’architecture privées canadiennes avec des bureaux à Montréal, Toronto, Calgary et New York (et des projets d’expansion).
Fondé en 1957 sous le nom de Lemay Leclerc Architectes à Verdun, le cabinet québécois est « rebaptisé » Lemay 30 ans plus tard. Louis Lemay, fils du fondateur, reprend la barre en 1998. Animé d’une « ambition pancanadienne », il ouvre de nouvelles agences et rachète des entreprises complémentaires afin de diversifier compétences et services.
Aujourd’hui, Lemay est une agence transdisciplinaire qui offre des solutions en architecture, urbanisme, stratégie de marque et numérique avec un seul mot d’ordre : le Net positif, une démarche qui crée des milieux de vie sains tout en réduisant les émissions de carbone ainsi que les coûts d’exploitation et d’investissement côté clients.
Appelé Le phénix, le siège social montréalais est un laboratoire expérimental et un modèle en matière de développement durable et de conception d’espace de travail. L’antenne torontoise est plus « un atelier au sens propre », explique Ross Carter-Wingrove, directeur régional et « papa » attitré.
En effet, ce dernier s’est donné pour mission de prendre soin de la vingtaine d’architectes, paysagistes et designers d’intérieur sous sa houlette : musique à la mode (sortie tout droit de son iPod vintage), légumes frais et flexibilité dans l’air du temps.
Aucun espace de travail n’est assigné, ce qui permet à chacun, selon son envie ou ses besoins, de se brancher où bon lui semble, que ce soit à un bureau assis-debout, dans la cuisine gris ardoise ou dans un des fauteuils signés Steelcase ou Herman Miller, achetés chez Guff, une boutique locale, et installés devant les 33 fenêtres plein sud, offrant bain de lumière et panorama urbain.
Celui qui articule les diverses zones de travail, c’est « le ruban », un mur curviligne en bouleau aux multiples options. Ici, il délimite un coin rencontre, où l’on peut déployer de grandes feuilles de papier calque pour croquer sur le vif en compagnie d’un client. Là, il se fait support à dessin, à présentation et même à vélo quand arrive les beaux jours.
Fabriqué à la main dans le labo montréalais et expédié à Toronto, le ruban a beau ressembler à une maquette à grande échelle, il n’est ni décoratif ni démonstratif. « Il fonctionne vraiment, ce n’est pas un objet déco », explique Robert Fiorino. Des cloisons en papier ondulé, réglables et mobiles, le rendent encore plus pratique : elles balisent l’espace sans entraver la collaboration.
Pour Alena Crowne, c’est une « invitation permanente » dans le sillage du modus operandi de l’entreprise.
« Il y a une vraie générosité ici », seconde Robert Fiorino, et un sens de l’hospitalité hérité de l’ADN québécois. Pourtant, l’équipe tient à se démarquer quelque peu du « tout-puissant Lemay ».
« Je crois que l’agence de Toronto se veut petite, agile, créative, conclut Alena Crowne. On est la petite sœur cool en quelque sorte. »