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Oxymores

Par Hunza Chaudhary

Illustration Par Jason Logan

Oxymores - oxymorons-art-illustration-sketch

Le conte intergénérationnel est enraciné dans ma culture. Encore aujourd’hui, ma mère me raconte sa jeunesse à partir de ses effets personnels. En tenant ces morceaux de son passé entre mes mains, j’imagine toutes les vies qu’elle a vécues.

J’appartiens à la diaspora sud-asiatique et découvre mon identité tout en vivant entre deux cultures.

Les musées m’ont semblé être un bon moyen d’en savoir plus sur mes ancêtres. Alors pourquoi, quand j’ai visité fin 2021, à Londres, la galerie du British Museum consacrée à l’art sud-asiatique, me suis-je sentie si déconnectée de tous ces objets?

J’ai longuement réfléchi à ce que j’ai ressenti ce jour-là, à l’ironie d’être en décalage total avec l’histoire de mon propre pays et de me la faire expliquer par mes colonisateurs.

J’ai déambulé dans le musée. J’ai regardé les tapis, les bijoux et les vêtements datant des générations passées, pris à celles et ceux qui avaient survécu à la partition de l’Inde et du Pakistan il y a 75 ans. C’était surréaliste : j’étais entourée d’histoire avec un grand H, de plaques explicatives sur les murs détaillant le contenu des vitrines, et pourtant je n’apprenais rien de concret.

J’étais entourée d’effets personnels sans rien savoir de la vie des gens auxquels ils avaient appartenu.

Exposés à la vue de tous, ils étaient pour moi des oxymores. Ils attendaient là, dans une grande pièce chic, sous leur cage de verre empêchant quiconque de les toucher. Ils racontaient l’histoire d’une époque, mais pas celle de leurs propriétaires. Qui étaient ces derniers? À quoi ressemblait leur vie?

J’avais très envie d’en savoir plus sur certains objets. Étaient-ils des biens de famille qu’une mère avait montrés à ses enfants en leur racontant son passé? L’un d’entre eux avait-il appartenu à mes ancêtres? Quel était l’intérêt de conserver ces artefacts culturels sans leur histoire?

Même si les musées sont des lieux formidables pour enrichir nos connaissances, je me suis rendu compte qu’ils contenaient plus de questions que de réponses, du moins pour moi. Peut-être que ce sentiment vient de ma crainte existentielle de la diaspora, due à mon identité conflictuelle.

Je suis sortie du musée en me demandant comment je souhaiterais qu’on se souvienne de moi dans 200 ans. Je n’ai pas la réponse, mais ce que je sais c’est que je préserverai ma tradition familiale du conte par tous les moyens pour qu’un jour, quand une jeune fille cherchera à connaître ses ancêtres pakistano-canadiens, elle trouve des réponses.

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