Arrêt sur image
Faites place à l'art José Bautista, une murale torontoise signée Sum Artist
PROPOS RECUEILLIS PAR: MÉLANIE RITCHOT
Illustration par: JOE MAGEE
Il vient de Peter Bishop, professeur à l’université de Houston : « Le changement est difficile, mais la stagnation est fatale. » Que ce soit dans un écosystème, une ville ou notre vie, l’inertie conduit inévitablement au déclin. Plutôt que de résister au changement, il faut en profiter pour réaliser son plein potentiel.
On parle aménagement et réappropriation de l’espace public avec Chris Fair, président de Resonance, le cabinet-conseil à l’origine du classement des villes les plus agréables du monde qu’on soit touriste, investisseur ou résident.
Il y a 10 ans environ, on travaillait sur une stratégie pour attirer plus de visiteurs dans le sud et l’est de l’Irlande. On nous a remis une carte qui recensait plus de 1 000 attraits touristiques : châteaux, hôtels et monuments. On a alors dû réfléchir à ce qui comptait le plus aux yeux du touriste international et on s’est servi des données de Tripadvisor pour comprendre comment les gens consommaient l’Irlande. C’est ainsi qu’est née la méthodologie de classement des villes, un hybride qui combine les statistiques de base sur des éléments qui, on le sait, attirent les gens ou les investissements, avec les facteurs expérientiels.
On a mis du temps à savoir quels facteurs façonnaient la perception d’un lieu et comment les assembler pour évaluer ce qu’on appelle le « pouvoir » d’une ville. On regarde trois indicateurs. Le premier est l’habitabilité : logements abordables, facilité d’accès aux soins de santé, etc. Le deuxième est l’attractivité : vie nocturne, culture, restaurants et activités de plein air. Le troisième est la prospérité, qui comprend à la fois des indicateurs économiques et humains, comme le niveau d’éducation, le partage des richesses entre les citoyens et le taux de pauvreté.
Ils ont beau se recouper, chaque ville est différente. Et les éléments qui font le succès d’un lieu évoluent au fil du temps. On remarque, par exemple, une plus forte corrélation depuis quatre ou cinq ans entre le potentiel piétonnier et cyclable d’une ville et l’emménagement des jeunes professionnels. Le logement gagne en importance, et c’est moins une question de prix que d’accessibilité. La chaleur et les problèmes de qualité de l’air résultant des feux de forêt sont, eux, des facteurs émergents.
Je crois que l’aménagement de l’espace public urbain est sous-estimé. Il est souvent vu comme un embellissement au lieu d’une nécessité. Sa valeur n’est pas qu’un bien-être collectif, c’est aussi un moteur de développement économique, car la vitalité relative d’un lieu détermine le choix d’implantation des entreprises.