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Culture sur friche industrielle

Dans une province tristement célèbre pour l’extraction de ressources, trois Calgariens trouvent le moyen de donner en retour, tant à la terre qu’à la collectivité.

PAR: XIMENA GONZÁLEZ

PHOTO PAR: DYLAN LEEDER

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Mike Dorion (à gauche) et Jay Fish se connaissent depuis 35 ans. Leur intérêt commun pour la permaculture les a tout naturellement conduits à créer la ferme régénératrice Highfield en 2020.

En 2019, Mike Dorion, Jay Fish et Jeremy Zoller, trois amis de longue date spécialisés en permaculture, aménagement paysager comestible, sol vivant et compostage, s’associent à la municipalité de Calgary pour lancer un projet dans l’air du temps : une ferme régénératrice installée sur une friche industrielle.

« On voulait que cette terre reprenne vie pour le plus grand plaisir des citoyens », explique Jay Fish, se rappelant la beauté passée du lieu, occupé de 1983 à 2008 par le marché fermier Blackfoot.

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Pour revitaliser le sol, la ferme Highfield a commencé par y planter une centaine d’espèces indigènes l’année dernière. Écoresponsable, elle a détourné 5 400 m3 de déchets paysagers de la décharge et produit une vingtaine de mètres de compost.

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Même en hiver, il y a du travail. L’équipe de bénévoles en profitent pour fabriquer, ou réparer, bacs de culture et étagères à semis pour le printemps.

La ferme Highfield, en activité depuis 2020, est née d’une initiative municipale visant à revitaliser un terrain vacant du centre-ville. Grâce à leur vif intérêt pour les écosystèmes autosuffisants et l’autonomie alimentaire, les trois hommes ont fait de cette parcelle de 1 400 m2 bien plus qu’une simple ferme urbaine.

Impliqués localement dans le compostage et la permaculture, ils ont réussi à créer un véritable carrefour communautaire où se côtoient tant la Société horticole de Calgary que la Guilde de la permaculture de Calgary. « On a fait en sorte de réunir ces différentes entités en leur offrant un espace commun pour y exercer leur activité et continuer à cultiver leur passion », ajoute-t-il.

Avant ce projet, lui-même cultivait des variétés de tomates anciennes avec Jeremy Zoller. Aujourd’hui, ce dernier dirige Sunshine Earth Works, une entreprise d’aménagement paysager comestible. Quant à Mike Dorion, il parfait son art du compostage depuis presque 10 ans par le biais de sa société Living Soil Solutions.

Partageant compétences et centres d’intérêt, le trio souhaite reproduire son modèle d’agriculture urbaine dans les friches industrielles alentour. Une idée qui prend lentement racine.

« On essaie de créer un système qui ne va qu’en s’améliorant », explique Mike Dorion à propos de leurs pratiques agricoles.

La première étape? Prendre soin du sol. Dégradé en raison de ses utilisations antérieures, il n’est pas prêt à la culture de produits destinés à la consommation. Il va falloir le régénérer pour retrouver un terreau sain et fertile. Pour ce faire, ils vont commencer par y planter des espèces indigènes, comme des graminées, couvre-sols, champignons et saules, qui vont décompacter et dépolluer la terre tout en la nourrissant.

« Après avoir accueilli le marché fermier pendant des années, l’endroit est devenu un stationnement, ce qui a compacté la terre et ne lui a pas apporté beaucoup de matière organique », constate Jay Fish.

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Plus d’une centaine de bénévoles participent aux semis, à l’arrosage et au désherbage.
Aidée de 144 bénévoles, la ferme Highfield a produit 900 kg de légumes frais en 2022, dont un tiers a été donné aux banques alimentaires de Calgary.

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Avant d’être plantées, les semences sont placées en germination pendant quelques semaines. À Calgary, la saison est courte, de fin mai à septembre.

En attendant, des produits riches en nutriments, dont de la laitue, des carottes et des haricots verts, s’épanouissent sur 44 buttes potagères s’étirant sur près de 1 000 m2. D’après Mike Dorion, cultiver ces légumes de base sur place a un avantage majeur : sans voyage ni transplantation, ils conservent tous leurs oligoéléments.

La durabilité de cette agriculture en milieu urbain se heurte à deux obstacles : les longs hivers calgariens et le coût élevé de la main-d’œuvre. À la ferme Highfield, on contourne le premier en acclimatant les plants et le second en invitant les citoyens à prêter main forte.

Actuellement, la ferme emploie une responsable d’exploitation à temps plein, Heather Ramshaw, et un ou deux stagiaires durant l’été. En haute (et courte) saison, de fin mai à septembre, plus d’une centaine de bénévoles participent aux semis, à l’arrosage et au désherbage. Résultat? Une production d’environ 900 kg de légumes frais en 2022.
Mais redonner vie à cette terre n’est pas le seul objectif de la ferme Highfield : Mike Dorion, Jay Fish et Jeremy Zoller cherchent également à tisser un lien social en ces temps malmenés. Ils proposent donc plusieurs ateliers qui permettent à la population d’en savoir davantage sur notre système alimentaire et sur l’importance d’y participer en tant qu’être humain.

« On veut être une source d’inspiration, inciter les gens à venir et à apprendre à faire pousser deux ou trois choses, confirme Jay Fish. Et peut-être leur donner envie de jouer un rôle dans tout ça. Ici, on partage nos connaissances et on s’entraide. »

Grâce à l’ajout d’une serre en 2022, la capacité de production devrait doubler cette année. La ferme Highfield pourra alors augmenter ses dons de légumes frais à la banque alimentaire de Calgary et à The Mustard Seed, deux grands OSBL locaux.

« Cela fait partie de ce modèle générateur, poursuit Mike Dorion. Quand on cultive une bonne quantité de légumes, il est logique de partager. Et si ce partage se fait avec des organismes de sécurité alimentaire, tout le monde y gagne. »

Même si la ferme Highfield n’est encore qu’un projet pilote, les semences plantées par les trois hommes continueront de porter leurs fruits dans les années à venir. « C’est une vraie passion, conclut Jay Fish. Et un investissement pour notre avenir à tous et à toutes. »

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