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2023-03-15
13:27 HNE

PAR : EMILY WAUGH

PHOTOS PAR : DEREK SHAPTON

2023-03-15 13:27 HNE - FeaturedImage_TheMoment

Nomade à ses débuts, Edward Burtynsky a fini par s’installer au 80, avenue Spadina à Toronto, notamment pour y stocker ses archives.

Edward Burtynsky voit le monde autrement. De beaucoup plus haut. Ses yeux d’artiste passent près de trois mois par an à le regarder depuis les airs. Hélicoptère, avion, drone, tous les moyens sont bons pour survoler sites industriels et autres lieux d’extraction de ressources afin de les photographier. La raison? « Lever le voile », comme il le dit, sur ces activités humaines qui mutilent la terre.

« Même avec un hélicoptère ou un aéroplane, c’est tout un art d’arriver à mes fins car on ne peut jamais revenir à l’instant T », explique-t-il, se rappelant notamment la fois où il s’est servi d’un ballon-sonde : un « échec total », car le ballon avait préféré suivre le vent plutôt que l’intuition du photographe.

De retour à son studio torontois, son pied-à-terre depuis 2002, il passe le plus clair de son temps devant un immense tableau magnétique sur lequel il peaufine ses tirages grand format, qui s’envoleront à leur tour vers les murs d’une entreprise, d’un particulier ou d’une galerie.

Ce mercredi, Edward Burtynsky contemple un tout autre panorama : une montagne d’African Studies, son dernier livre photos, qu’il s’apprête à dédicacer. Marais salants roses en Namibie ou résidus noir d’encre d’une mine de diamants en Afrique du Sud, cette série de paysages industriels surnaturels, dans la veine de l’artiste, est son premier regard sur les effets du mondialisme sur le continent africain.

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le photographe annote au marqueur noir le tirage d’un marais salant près de Fatick, au Sénégal. Les photos sont prises en une fraction de seconde explique-t-il, tout le reste se fait en postproduction.

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Edward Burtynsky compare le rendu d’une image de bassins de résidus miniers en Afrique du Sud sous deux éclairages : un effet lumière naturelle et une DEL de 3000 K simulant l’éclairage muséal classique.

Il y souligne aussi son récent intérêt pour les beautés naturelles qui existent encore sur notre planète, comme cette gigantesque dune dans le désert du Namib ou cette « flamboyance » de flamants roses sur les rives du lac Bogoria au Kenya.

Après avoir dépeint ce qu’il appelle ses « 40 ans de lamentations sur la perte de la nature », Edward Burtynsky caresse du regard l’intact, ce pour quoi il vaut encore la peine de se battre.

« Le problème est si vaste et si effrayant qu’il y a un risque de paralysie, conclut-il. Il nous incombe d’entretenir l’espoir. » C’est ce qu’il tâche de faire à travers son objectif : « L’espoir est toujours là. On n’a pas conduit tout l’ADN à l’extinction. »

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