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Réaction en chaîne

By: Ivor Tossell

Illustration By: Jason Logan

Réaction en chaîne - sketch-of-bubble-tea-

Vite! Citez-moi le nom d’un lieu où les créateurs urbains peuvent laisser libre cours à leur imagination, crayonner sur leur serviette, écrire leur roman… Un lieu de quartier, rassembleur et inspirant. Estce le petit café indépendant du coin ou une chaîne de restauration rapide?

Avalez tranquillement votre gorgée de latte tout en réfléchissant à cette seconde option. Prenons par exemple les A&W, qui fleurissent un peu partout au centre de Toronto. Il n’y a pas si longtemps, de telles chaînes étaient accueillies par des graffitis rageurs. Sauf que la première fois où j’ai vu leur enseigne briller en pleine nuit, moi, je n’ai eu qu’un cri : « Enfin! »

Cela fait dix ans que je suis rédacteur à Toronto. J’ai donc eu le temps d’y chercher des bistros pour pouvoir travailler. Souvent bondé, fermant tôt et conçu plus pour la consommation que pour la réflexion. Et qui pourrait l’en blâmer? C’est un petit commerce, qui gagne son pain grâce aux lattes à emporter et non au client qui tapote sur son clavier pendant des heures en sirotant son seul et unique espresso.

Ce que je voulais vraiment, c’était un endroit avec de l’électricité, des toilettes, le wi-fi, de quoi boire et manger et la possibilité d’y rester des heures durant, de jour comme de nuit. C’est exactement ce qu’offrent les chaînes de restaurants. Ces dernières années, celles omniprésentes sur le territoire canadien se sont mises à fermer plus tard, par souci de rentabilité. Certaines, comme A&W à Toronto, ont choisi d’ouvrir 24 h sur 24. Personne ne les accusera d’avoir du charme ou une identité forte. Par contre, le simple fait d’être là, tout le temps présentes, rend un immense service à quiconque cherche un endroit pour s’asseoir, se restaurer et travailler.

Plusieurs éléments que nous aimons détester, chaînes de restauration rapide ou centres commerciaux, font partie de l’infrastructure publique. Le public, justement, s’approprie ces espaces privés, tout comme la rue et le parc du quartier. Les habitants des métropoles, aux logements exigus, font de la ville leur salon et leur balcon.

Ce qui, à première vue, rend une ville plurielle et créative ne fonctionne pas toujours (combien de cafés indépendants ne sont qu’une vitrine de plus pour les produits Apple?) Et ce qui, croit-on parfois, fait mourir un quartier à petit feu a l’effet inverse : dans leur grande uniformité, les chaînes appellent à la démocratie, recueillant aussi bien l’affamé que l’amoureux, l’ouvrier que l’écrivain. Elles donnent aux villes ce dont elles ont besoin : des gens en mouvement jour et nuit, ouvrant des portes et des perspectives. On pense rarement à leur lever notre verre, pourtant elles nous manquent une fois fermées. Je m’en vais fêter ça avec un Coke moyen.

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