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La révolution vélo

En 2024, les deux-roues prennent une longueur d’avance à Montréal grâce à une infrastructure cyclable sécuritaire, qui multiplie les déplacements et les bons comportements. Un réseau vélo qui stimule aussi l’activité économique locale et même le tourisme. On en parle, chiffres à l’appui, avec David Beitel, responsable des études de données à Eco-compteur, et Magali Bebronne, directrice des programmes à l’OBNL Vélo Québec.

PAR MAGALI BEBRONNE ET DAVID BEITEL
PROPOS RECUEILLIS PAR DANIEL BROMBERG

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Magali Bebronne : Parmi les raisons qui font de Montréal l’une des plus grandes villes cyclables nord-américaines, il y a la culture du vélo. Montréal n’est pas qu’une ville où il fait bon pédaler, c’est aussi une ville de cyclistes. En 2018, les chiffres montrent qu’un Montréalais ou une Montréalaise sur 7 utilisait un vélo au quotidien. Ceux de 2023 devraient être encore plus impressionnants, car la pandémie a favorisé l’usage du vélo.

David Beitel: La Ville a mis un grand coup de pédale à la fin des années 2000 en aménageant un réseau cyclable sécuritaire. Ces voies faisaient d’ailleurs partie des premières pistes cyclables entièrement protégées en Amérique du Nord. Il fallait un vrai courage politique à l’époque pour mettre en œuvre un tel projet au détriment des voies [automobiles] ou des places de stationnement. En 2010, Montréal comptait plus d’un million de déplacements à vélo dans son axe du centre-ville. C’est un nombre considérable : un million de cyclistes par an, c’est beaucoup d’usagers qui circulent tous en sécurité.

D’une certaine manière, elle a été victime de son succès. Même si le vélo est un mode de transport très efficace, lorsqu’on fait passer un millier de personnes dans une voie de 3 m de large à l’heure de pointe, il y a forcément des embouteillages. La Ville est allée encore plus loin en s’engageant à construire un nouveau type d’infrastructure : le REV [Réseau express vélo], un réseau de voies cyclables unidirectionnelles avec une marge de manœuvre de 2,5 m de chaque côté pour permettre les dépassements et accueillir plus de cyclistes, du plus au moins rapide.

MB: out nouveau projet d’axe cyclable entraîne obligatoirement des frictions. Il suffit d’écouter les élus ou d’assister à des forums internationaux pour s’en rendre compte. Que l’on supprime 2 ou 200 places de stationnement, il y aura toujours les anti-vélos qui monteront au filet, alors autant que ça en vaille la peine. Il faut prendre son courage à deux mains et appuyer les projets qui changeront la donne. Le constat, c’est que le REV a établi une nouvelle norme en matière d’infrastructure cyclable.

« Cela crée un cercle vertueux : une bonne infrastructure engendre de bonnes pratiques. »

DB: Les chiffres montrent aussi que la mise en place d’axes directs et sécurisés entre les quartiers à forte densité génère une augmentation des nouveaux déplacements à vélo. Au final, on crée de nouvelles options : les gens peuvent utiliser le mode de transport de leur choix, celui qui leur convient. Le REV et les installations du même type nous poussent dans cette direction.

« Montréal n’est pas qu’une ville où il fait bon pédaler, c’est aussi une ville de cyclistes. »

MB: Depuis 2020, le nombre de blessés graves chez les cyclistes a chuté de 62 %, alors que les rues comptent 29 % de cyclistes et 51 % d’automobilistes en plus. Selon la Ville, le réseau cyclable a augmenté de 111 % et s’étend aujourd’hui sur 901 km, dont la majorité est déneigée en hiver. La preuve qu’une infrastructure sécurisée améliore la sécurité.

DB: Tout à fait. Il est prouvé que si on augmente le nombre de cyclistes tout en améliorant l’infrastructure, la fréquence des collisions diminue. La vitesse est un facteur important de gravité des blessures, donc si certains aménagements la réduisent dans les virages et aux intersections, les collisions sont également moins violentes.

MB: La grande réussite locale qu’est BIXI, le système public de vélopartage, est aussi un bon indicateur. Tous les ans, il ajoute des stations et bat des records d’affluence. Ayant compris l’efficacité de ce mode de locomotion, certains arrondissements se montrent très ambitieux quant au nombre de vélos en libre-service mis à disposition.

DB: C’est exact. Quand on pense déplacement à vélo, on pense souvent quartiers centraux. Mais on retrouve le même engouement en périphérie.

Cela crée un cercle vertueux : une bonne infrastructure engendre de bonnes pratiques. Je crois que les axes cyclables que l’on conçoit aujourd’hui favorisent une conduite sécuritaire.

MB: Et pas que! Des études internationales montrent que plus on rend les rues accessibles aux piétons et aux cyclistes, plus l’activité économique y gagne.

DB: Après l’ouverture du REV, il n’y a pas eu de perte majeure des usagers de la rue Saint-Denis. En fait, les chiffres montrent que cela a été bénéfique pour l’immobilier commercial et que les commerces, pour la plupart, semblent prospérer. Le taux d’inoccupation a dégringolé et le nombre de transactions, et leur valeur, ont augmenté par rapport aux artères ne disposant pas de la même infrastructure cyclable.

MB: Les touristes sont aussi friands de ces nouveaux aménagements. L’été dernier, bon nombre de créateurs et créatrices de contenu en ligne en ont fait écho. Les rues piétonnes ont particulièrement été encensées. Le public, dans son ensemble, était enchanté de la piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal et autres rues commerçantes. C’est ce genre d’initiative qui nous démarque et nous fait connaître.

DB: BIXLe samedi 27 mai 2023, BIXI a enregistré 67 000 déplacements à vélo : un record! Normalement, la fréquentation se concentre en semaine. Cette affluence un samedi laisse penser qu’une bonne proportion de personnes utilise le vélo à des fins récréatives. C’est sans aucun doute un bon moyen d’améliorer et d’accroître le tourisme urbain.

MB: Nous devons poursuivre sur cette belle lancée en allant hors des quartiers centraux. Montréal a un grand plan pour 2027 : étendre l’infrastructure cyclable sécuritaire à d’autres quartiers et offrir ce nouveau mode de transport à différents segments de la population.

DB: Plus il y aura de pistes cyclables, plus les gens opteront naturellement pour le vélo. Je m’attends à une explosion du nombre de cyclistes dans ces quartiers, du moins proportionnelle à ce qu’on voit aujourd’hui. Et ce sera un indicateur : les graines qu’on est en train de planter produiront de grands résultats dans les cinq prochaines années.

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