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Douce nuit

Par: Naomi Skwarna

Illustration Par: Jason Logan

Douce nuit - campfire

Dès qu’il fait beau, je passe mes journées au Jean Sibelius Square, un écrin de verdure torontois entouré de maisons centenaires. Ce petit parc, où les ados venaient autrefois fumer leur pot en cachette, est devenu le lieu de rassemblement du quartier : un endroit vivant, où les ados et leur papa fument leur joint. À l’approche de l’hiver, les séances de travail en plein air et les fêtes d’anniversaire céderont vite la place au patinage sur l’herbe inondée. La nuit tombe de plus en plus tôt et je ne veux pas retourner me cloîtrer dans mon minuscule appartement donnant sur un chaste mur de brique.

Plongés jusqu’au cou dans la vie Covid, bon nombre d’entre nous, télétravailleurs prétendument privilégiés, avons pris l’habitude d’apporter nos dossiers et nos tapis de sport au parc. Mais quid de l’hiver? Va-t-on à nouveau être relégués à l’intérieur, sous ce toit qu’on connaît si bien puisqu’on le dépoussière? J’aimerais croire que dans nos collectivités (presque entièrement) vaccinées, la vie à ciel ouvert se poursuivra malgré la noirceur et le froid. Quelle peut être la réponse des villes à cette demande citoyenne?

Leslie Morton, associée de PMA, un cabinet d’architectes paysagistes canadien qui a fait de l’espace public sa spécialité, croit, quant à elle, qu’on est au tout début d’un grand renouveau : les appels d’offres publics auxquels son agence répond montrent que nos futurs espaces partagés seront plus flexibles, plus accessibles, multi-usages et ouverts 24 h sur 24. Dans les prochaines années, on verra apparaître des lieux conçus pour la collaboration : sentiers plus larges, sièges fixes et mobiles, moins d’endroits resserrés pour permettre la distanciation et toutes les commodités pour pouvoir y passer la journée.

Un hiver torontois sans patinage et sans glissades au parc n’est pas un hiver, pourtant ces activités ne sont pas pratiquées par tous. Un des plus grands changements prédits par Leslie Morton est que les parcs urbains seront utilisables, à savoir fréquentables par le plus grand nombre, et sécuritaires le soir, notamment par temps froid. La solution selon elle? Des foyers. « C’est la chose qu’on n’aurait jamais pu mettre dans un parc avant : à la mairie, on nous aurait pris pour des fous, nous disant qu’on n’y fait pas de feu. » Elle est pourtant en train d’en concevoir trois. Un projet, St. James Park au centre-ville de Toronto, a un éclairage signé Marcel Dion.

Ma constitution (ou mes fesses trop froides parfois) m’oblige à rentrer chez moi dès la nuit tombée. De telles mesures, des illuminations multicolores aux braseros conviviaux, me donneraient envie de m’attarder. La lumière et le feu ont toujours rassemblé les humains. Après presque deux ans de distance forcée, j’ai hâte de ne pas rentrer trop tôt à la maison.

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