
Combinaison gagnante
Le Plan D’Action Un bureau montréalais habillé d’icônes du design moderne.
PAR KRISTINA LJUBANOVIC
PHOTOS OFFERTES PAR DESIGNTO
Toronto fin janvier est bien connue de ses habitants pour ses rues venteuses, son froid glacial et ses bancs de neige gelés à la couleur douteuse, dans lesquels ni pelle ni botte ne s’enfonce.
Ce n’est certainement pas le meilleur moment de l’année pour se faire chic et partir courir les salons de design. Pourtant, année après année, de plus en plus de gens, professionnels ou non, se prêtent au jeu. S’étalant sur dix jours, DesignTO, le plus grand festival de design au Canada, fait volontiers sortir de leur hibernation créatifs, aficionados et curieux de tout poil.
« Bien que janvier ne soit pas le mois le plus agréable, les Torontois abandonnent la douceur de leur foyer pour affronter les rues froides et retrouver la chaleur de notre événement », lance Michael Madjus, directeur marketing de DesignTO.
L’ex-Toronto Design Offsite Festival fête ses 15 ans cette année. « On entre dans notre adolescence, poursuit Michael Madjus, on se rebelle un peu, on teste les limites. » Même si l’OBNL artistique et culturel à l’origine de l’événement s’est toujours donné pour mission de revisiter la définition du design, tout comme la notion de festival.
Photo par Christine Lim
Le spectacle de Future Retrospectives (2020).
les identités visuelles du festival, année après année, affiche par affiche, signées Adrian Forrow (2019), Edwina Mui, Minju Roh et Tanveer Sobnack du programme Design4 de l’EADO (2020), Vicky To (2022), Hwa-Jin Jun (2023), aftermodern.lab (2021), Aaryan Pashine et Amir Khoshnevis (2024). Ces derniers, deux illustrateurs-programmeurs, ont été aidés par Hwa-Jin Jun.
Le Harbourfront Centre a longtemps été le lieu d’exposition préféré de DesignTO. Un festivalier photographie une œuvre de Future Matters (2024).
Photo par Saghi Malekanian
DesignTO est pour tous les amoureux du design. La soirée de lancement du festival 2017 avec l’installation de DFZ.
Jeremy Vandermeij, directeur général, Deborah Wang, directrice artistique, et Michael Madjus, directeur marketing. Au total, l’équipe ne compte que 16 personnes réparties entre la programmation, le marketing, l’exploitation et les projets spéciaux. Plus de 100 bénévoles sont présents durant le salon, comblant près de 300 postes au cours des dix jours de festivités.
« Je crois qu’on a su s’adapter », confirme Deborah Wang, directrice artistique de DesignTO et cofondatrice du festival, lancé en 2011 dans la rue Dundas Ouest sous la forme de sept expositions. En 2025, le « festival sans adresse », comme elle l’appelle, s’affichera de la bibliothèque de Richmond Hill à la place Yonge-Dundas (bientôt Sankofa) ainsi qu’à la gare Union, plaque tournante du transport public torontois.
Qu’est-ce que DesignTO nous réserve de beau cette année? En jetant un œil aux archives de son site web, designto.org, où se trouve aussi le programme 2025, on s’aperçoit de la diversité des expositions, allant d’un symposium sur la gestion des déchets (Trash Talk, 2023) à un empilage sculptural de 100 chaises récupérées en trois mois (At what point does irrational thought become rational?, 2024).
Selon Deborah Wang, cet éclectisme s’inscrit dans la ligne artistique du festival, et ce, depuis ses débuts : « La structure du festival et la manière dont on l’organise nous autorisent une certaine fluidité, une ouverture à l’expérimentation et notre définition très souple du design, comme j’aime à l’appeler. »
« Le rendre réel est, je crois, le plus dur. Beaucoup de choses doivent se produire. Beaucoup d’objets doivent trouver leur place. Beaucoup de gens doivent trouver leur place. Ce n’est pas le plus amusant », confie Deborah Wang. Le plus amusant? La recherche du logo du 15e anniversaire.
Son organisation demande des mois de travail à la petite équipe de direction, composée de Deborah Wang, Michael Madjus, Robyn Wilcox, responsable de la programmation et Jeremy Vandermeij, directeur général. « Dès la fin du festival, on planifie le prochain », poursuit Deborah Wang. Ce qui implique d’établir des relations avec les futurs lieux d’exposition, les médias, les partenaires financiers et de lancer les appels à participation. Michael Madjus se charge de l’identité visuelle. Pour 2025, il a collaboré avec le studio aftermodern.lab et deux illustrateurs-programmeurs diplômés de l’EADO, qui ont réalisé des œuvres d’art génératives.
En janvier, de nombreux bénévoles viendront leur prêter mainforte pour veiller au bon déroulement des événements dans les différents lieux de la ville, et pas seulement dans des galeries d’un blanc immaculé. Car le design est de l’art mais de l’art fonctionnel, qui a une incidence sur notre vie quotidienne. Pour Michael Madjus, DesignTO est ouvert à tout le monde : « Il fut un temps où on était vraiment qu’entre designers, mais ça a changé, on a su intéresser le grand public. »
Depuis 2011, presque un million de visiteurs ont fréquenté DesignTO, qui a exposé plus de 6500 artistes et designers.
« Je ne suis pas du genre à penser que plus c’est grand, mieux c’est , répond Deborah Wang à ma question sur l’avenir du festival. On a atteint une taille qui correspond à la ville, à ses conditions, à sa culture. » Et l’équipe a du pain sur la planche avec plus de 100 expositions qui se dérouleront du 24 janvier au 2 février. « Impossible de s’ennuyer! » conclut-elle.