PAR: KRISTINA LJUBANOVIC
PHOTO PAR: NOAH MELROSE
« La réconciliation est une démarche et, comme tout trajet, elle a un point de départ », explique le Dr Glenn Pettifer dans une infolettre à ses membres. L’envie du directeur de l’OHDO de faire progresser la vérité et la réconciliation l’a conduit à tisser des liens avec l’artiste Thomas Sinclair.
C’est une journée comme les autres au 175, rue Bloor Est à Toronto, adresse de l’Ordre des hygiénistes dentaires de l’Ontario (OHDO), qui réglemente les 15 000 hygiénistes dentaires agréés de la province.
« On est une solide équipe », lance Suzanne Fox, directrice des services corporatifs de l’ordre professionnel.
Depuis janvier 2022, en plus de veiller à ce que les hygiénistes dentaires offrent des soins de qualité au public, l’OHDO, sous la houlette de son directeur général et registraire, le Dr Glenn Pettifer, s’est donné une nouvelle mission : faire progresser les efforts de réconciliation en s’inspirant des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation pour guider sa démarche.
Sa première action, hautement symbolique, a été d’acheter un tableau de Thomas Sinclair, artiste peintre du clan de la Tortue de la Première Nation de Couchiching sur le territoire du traité n° 3. Accroché bien en vue dans les bureaux de l’OHDO, The War Party inspire depuis le personnel au quotidien.
C’est lors de l’acquisition de The Shamen Gives Prophecy to the People, un deuxième tableau signé Thomas Sinclair, qu’il a eu l’idée de confier à ce dernier la réalisation d’une œuvre collective avec Autumn Smith/Mishiikenh Kwe, artiste anichinabée du clan du Caribou de la Première Nation de Magnetawan, Teddy Syrette, personne bispirituelle, conteuse et défenseure anichinabée de la Première Nation de Batchewana, et Lucia Laford, artiste anichinabée de Sault-Sainte-Marie.
Selon Suzanne Fox, l’OHDO, dont les bureaux sont situés dans le Village 2SLGBTQIA+ et dont les membres sont à 97 % des femmes, espérait que cette collaboration artistique produirait une œuvre à l’image du vécu autochtone, qui parlerait tant à sa base qu’à la communauté locale.
Le résultat? Un diptyque, dont la composition évoque La création d’Adam de Michel- Ange, mais dont le premier homme et la divinité judéo-chrétienne ont été remplacés par des créatures sous-marines de la culture ojibwée, à la fois puissantes et féminines. Une œuvre d’art riche de sens, visuellement viscérale et fascinante. L’OHDO l’accompagnera d’une série de balados et de vidéos dans lesquels les artistes expliqueront la symbolique de ces toiles, l’objectif étant de toucher un public plus large.
L’œuvre collective est riche de sens. Ce que disent les artistes du personnage de gauche en particulier : « Son ventre porte un ourson et un arc-en-ciel de fleurs, de papillons et d’orbes. Ils symbolisent la vie et la vitalité qui se développent au sein de la population transgenre pour ceux et celles qui les soutiennent. »
Sa démarche vers la vérité et la réconciliation ne s’arrête pas là : l’ordre professionnel offre également à son personnel et à ses membres un accès gratuit à des modules d’apprentissage sur la vraie histoire du Canada.
« Nous estimons qu’il est important que les hygiénistes dentaires comprennent la réalité de l’histoire autochtone », explique Samantha Fox, soulignant que les traumatismes liés à la santé et aux soins dentaires subis dans les pensionnats se transmettent « de génération en génération ».
L’OHDO s’est aussi associé à l’organisme caritatif Indspire pour verser une bourse — il s’est engagé à hauteur de 80 000 $ par an pendant trois ans — aux étudiants autochtones inscrits à un programme d’hygiène dentaire agréé dans un établissement postsecondaire ontarien.
Cette bourse répondra au besoin d’hygiénistes dentaires autochtones qui, « en comprenant l’histoire de leur communauté et les sensibilités qui en découlent, sont les plus à même de lui prodiguer des soins », poursuit-elle.
En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, au lieu du traditionnel atelier qu’il avait l’habitude d’organiser, l’OHDO a décidé d’installer une plaque devant sa porte en reconnaissance des territoires, de partager ses ressources et de « mener une réflexion commune avec son personnel en se demandant comment agir à titre tant individuel que collectif », conclut Samantha Fox.
« La réconciliation, c’est établir des relations respectueuses et les maintenir.
On ne peut pas prendre de raccourcis », selon Justice Murray Sinclair, ancien président de la Commission de vérité et de réconciliation.
L’OHDO a pris cette définition à cœur, s’engageant à apprendre et à comprendre l’histoire et le vécu des peuples autochtones, à tisser des liens et à en analyser les répercussions.
« Nous estimons qu’il est important que les hygiénistes dentaires comprennent la réalité
de l’histoire autochtone. »